Nos rivières : l’ASPF participe aux chantiers d’entretien organisés par Eau et Rivières de Bretagne
Nous étions tous dans nos bottes en ce samedi matin 22 octobre 2011, au Moulin de Penguily à Fouesnant.
Trente personnes ont répondu à l’appel pour participer en ce samedi au chantier de restauration et d’entretien du ruisseau de St Anne à Fouesnant, sur le domaine privé du Moulin de Penguily, là où les propriétaires âgés et débordés par les ronces nous ont gentiment reçus.
Le groupe local d’Eau et Rivières de Bretagne (ERB) qui avait organisé l’opération a affiché sa satisfaction puisque 5 autres associations étaient présentes : l’ASPF, l’Association Agréée pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques (AAPPMA) de Quimper avec plusieurs pêcheurs, La Forêt-Environnement, Foen Yzella et l’Office pour la Protection des Insectes (OPIE affilié à l’INRA).
Ce qui montre la volonté de nombreuses associations locales de participer par une action concrète et citoyenne à la remise en valeur et à la protection de leur environnement.
D’autres opérations suivront, dont la prochaine est programmée le samedi suivant 29 Octobre au même endroit de Fouesnant :
Moulin de Kerguily- Route de Parc Veil – face à la Chapelle St Anne.
Nous vous proposons de découvrir un petit historique et une analyse, créés par ERB faisant le point de la situation de ce genre d’actions sur nos rivières et ruisseaux.
Le contexte en Bretagne
Jusqu’aux années 1955- 1960, les rivières étaient entretenues :
Par le biais des petites exploitations, par le maintien des prairies permanentes pour le pâturage des vaches et la récolte du foin, par les coupes de bois et élagages systématiques à l’époque, tous les 9 ans pour obtenir le bois de chauffe, seul moyen de chauffage à l’époque.
Depuis ces années, l’évolution de l’agriculture avec la généralisation du machinisme a conduit à la déprise des fonds de vallée qui ne sont donc plus de manière générale exploités et entretenus par les agriculteurs et les riverains.
Le renouveau des rivières bretonnes
Dans les années 70, l’Association pour la Protection et la Production du Saumon en Bretagne (APPSB), devenue aujourd’hui Eau et Rivières de Bretagne, est créée à l’initiative des pêcheurs en rivières qui s’alarment de la rapide diminution des populations de saumons en Bretagne en raison d’une part de l’état d’abandon des cours d’eau, d’autre part par les méfaits de la pollution, notamment par les piscicultures industrielles et les industries agroalimentaires (abattoirs- conserveries) et l’absence ou le mauvais fonctionnement des stations d’épuration des collectivités urbaines.
L’APPSB lance alors partout des grands chantiers de nettoyage sur les principales rivières de Bretagne , avec souvent comme enjeu, le souci de s’opposer à des projets de méga-barrages aussi coûteux qu’inutiles, dont la majorité, grâce à la lutte des associations ne verra d’ailleurs jamais le jour . On a en mémoire les grandes « opérations Rivière Propre », qui sur le Scorff, l’Elorn, le Léguer, le Trieux, le Leff, l’Aulne, avaient rassemblé des centaines, voire le millier de participants. Et suite à ces grandes messes, un peu partout en Bretagne, des initiatives locales voient le jour, animées par des associations locales environnementales, des associations de pêche, mais aussi des associations de riverains, des agriculteurs, des consommateurs, des randonneurs et tous ceux soucieux de restaurer les vallées et préserver une ressource en eau gravement menacée.
Un évènement dramatique survint le 17 octobre 1987, tout le travail effectué depuis 15 ans est anéanti par le sinistre ouragan qui met les vallées et les rivières bretonnes dans un état indescriptible. Les associations ne baissent pas les bras et se remettent au travail. Mais l’ampleur du désastre est telle qu’il faut envisager de nouveaux moyens. Les associations mettent alors tout en œuvre pour mobiliser les pouvoirs publics et les collectivités. C’est ainsi que se créent des comités de Restauration et d’Entretien des cours d’eau, les « CRE », qui financés par les Collectivités, l’Agence de l’eau, les Conseils Généraux et Régionaux, vont se charger de la restauration et ensuite de faire perdurer l’entretien des cours d’eau, avec des programmes pluriannuels qui intègrent les chantiers de bénévoles des associations environnementales et des AAPPMA.
La situation locale
Malheureusement, les ruisseaux côtiers sur le secteur de Fouesnant, de La Forêt-Fouesnant à Bénodet, en raison de leur situation excentrée hors des principaux bassins versants n’avaient jamais bénéficié jusqu’à cette année de travaux de restauration.
Le ruisseau de St Anne, est un affluent du Penalen. C’est un cours d’eau qui coule dans une vallée encore préservée, en grande partie entourée de zones humides remarquables, notamment dans la partie basse. Il a donc un débit régulier et on le lui connaît pas à priori de source de pollution. Le problème est qu’il est trop encombré de végétation et embroussaillé, notamment avec des ronces et qu’il mérite une sérieuse restauration.
C’est un ruisseau de 1ère catégorie piscicole, c’est-à-dire à salmonidés dominants, et on y trouve exclusivement la Truite sauvage fario, avec les espèces d’accompagnement que sont le vairon, le chabot, la loche franche, l’anguille et la lamproie de Planer. C’est un cours d’eau qui dépend du domaine de compétence piscicole de l’AAPPMA de Quimper.
Quelles sont les conséquences du manque d’entretien ?
. une dégradation de la qualité de l’eau
. une difficulté, voire l’impossibilité de la pratique de la pêche et de la promenade le long des rives, en raison de l’embroussaillement ;
. un appauvrissement des capacités biologiques et d’auto-épuration du cours d’eau : le courant est freiné par les amas de bois tombés ;
A la chute des feuilles en automne, celles-ci ne sont plus entrainées par le courant, elles se décomposent et se transforment en vases qui, elles, sont de grosses consommatrices d’oxygène et produisent du méthane. C’est donc un facteur de dégradation de l’eau qui, en perdant de ses capacités épuratrices est plus difficile à traiter comme eau de consommation et contrarie fortement la productivité en poissons, notamment les salmonidés qui sont des poissons exigeants en termes de qualité des eaux.
Les graviers et le sable sont par endroits colmatés par les vases. Ce sont autant de zones de frayères à truites en moins, puisque la truite a besoin de graviers et de courant pour se reproduire convenablement.
La conséquence est donc une diminution du potentiel piscicole du cours d’eau. Le manque de lumière est un facteur de diminution importante de la biodiversité, en particulier des insectes dont les larves sont majoritairement aquatiques et qui assurent la nourriture des poissons.
Comment s’effectue l’opération de restauration ?
. en coupant les ronces et plantes envahissantes qui encombrent les berges,
. en enlevant les embâcles qui obstruent le lit de la rivière.
. en aérant les rives en élaguant les branches basses des arbres.
. en éliminant les arbustes en surnombre, notamment les saules, aubépines tout en conservant les espèces nobles (chêne, châtaignier, frêne et aulne).
. en évitant toutefois d’enlever la végétation aquatique dans le lit du ruisseau (renoncules, cressons) qui sont autant de gites et de supports de nourriture pour les larves et alevins.
. les ronces et branchages sont mises en tas et le cas échéant brûlés si le chantier se situe sur des parcelles cultivées ou des propriétés riveraines.
. les troncs et grosses branches sont débitées en rondins, rangées et mises à disposition du propriétaire.
Matériels utilisés : tronçonneuses, débroussailleuses, serpes, faucilles, fourches et …les indispensable bottes.
L’organisateur :
Eau et Rivières et l’AAPPMA de Quimper, association pour la Pêche et la Préservation des Milieux Aquatiques.
La finalité de l’opération :
Inciter les locaux, riverains, associatifs, les citoyens en général à être les acteurs de la remise en valeur et de la protection de leur environnement.
Un chantier « rivière » c’est aussi un livre ouvert sur une nature souvent aux portes de la ville, comme ici, une bonne occasion de faire une activité physique, de plein air, récréative et conviviale.
Et il y a l’extraordinaire moment du casse-croûte matinal bien mérité.
Au-delà de l’opération d’entretien, le but est aussi de sensibiliser les participants au problème de la dégradation et de la nécessaire protection de l’eau, sachant que ce ruisseau, affluent du Penalen sert à l’alimentation en eau potable de la ville de Fouesnant et de La Forêt-Fouesnant.
Et c’est en mesurant toute la fragilité de ce milieu qu’ils sont les plus à même de le défendre et de se mobiliser contre toutes les pollutions et agressions qui peuvent survenir. Et le Penalen n’est pas exempt de ces agressions, comme on a pu le constater déjà et à plusieurs reprises par la zone d’activité des déchets de Kérambris.
Comment aussi ne pas évoquer les effets catastrophiques des excès de nitrates dans les cours d’eau qui génèrent les marées vertes d’une ampleur sans précédent dans la baie de la Forêt-Concarneau ?
Les collectivités dont la Communauté de Communes du Pays Fouesnantais (CCPF) ont engagé de leur côté avec leurs salariés un programme pluriannuel de restauration et d’entretien de tous les cours d’eau côtiers de Concarneau à Bénodet.
Des chantiers sont actuellement en cours sur les ruisseaux de La Forêt-Fouesnant.
[…] Dans la suite des travaux commencés en 2011 et après 4 opérations tous temps et tous terrains (humides) sur 2 km cette année, menées par les associations ERB, Pêche et ASPF, dans une zone non entretenue depuis parfois plus de 40 ans autour de la chapelle Sainte Anne. En 2013, nous rejoindrons le ruisseau de Penalen. Bottes, cirés, tronçonneuses, fourches et surtout bonne volonté étaient de sortie à chaque fois. Nous avions débuté à 30 volontaires, et 10 seulement ont terminé l’année 2012 et les boites du pâté bien connu des casse-croutes mérités du samedi matin. Dans la jungle fouesnantaise : quel chantier ! […]