BARRAGES CONTRE L’ATLANTIQUE
L’histoire a retenu le nom de Marguerite Duras pour son ouvrage Barrage contre le Pacifique.
Le maire de Fouesnant laissera t-il le sien pour ses multiples ouvrages, Barrages contre l’Atlantique ?
Divers projets
Les promeneurs se souviennent des pieux fichés dans le sable. Nous étions en 2014.
Ces rangées sinueuses de châtaigners ont fait le bonheur des photographes.
L’insertion paysagère a pu choquer dans un premier temps mais l’ouvrage était tout de même plus esthétique que l’amoncellement rectiligne des blocs de granit qui constituent l’enrochement.
Nous constatons chaque jour et de façon précipitée que la force des flôts met à mal cet empierrement. Il a d’ailleurs fallu interdire l’accès de son extrémité et démonter l’escalier pour des raisons de sécurité.
Le projet des troncs était prévu pour être réversible. Les vagues de sud-ouest se sont chargé d’entamer le démontage. Le peu de pieux qui restaient a été enlevé par les services techniques.
Depuis l’accès des piétons a été limité et le cheminement se fait désormais strictement entre 2 rangées de ganivelles.
Des oyats déjà balayés
Ces dernières semaines la CCPF qui a la charge de la sauvegarde de la dune de Cleut Rouz a tenté une nouvelle expérimentation.
Il a en effet été mené un chantier de plantation de 3000 pieds d’oyats sur une surface d’environ 500 m².
Le but est de revégétaliser la dune et de la sauver de l’érosion.
L’idée et l’emploi des ces personnels de l’association l’Arche du Caillou Blanc est fort louable.
Malheureusement, sans coup de vent notoire, les forts coefficients de marée de cette semaine ont déjà mis à mal les plantation.
Une semaine plus tard, il est possible de constater les premiers dégâts.
Mais alors, pourquoi ?
On ne peut que souligner l’abnégation et la persévérance de nos services pour lutter contre l’érosion marine comme le faisait le personnage de la mère de l’écrivaine dans l’œuvre de Marguerite Duras. Inlassablement elle relevait les barrages pour protéger ses terres. En vain…
Mais on peut décemment aussi s’interroger sur les moyens utilisés ici. Ce dernier projet a un coût non négligeable.
En effet il nous paraît surprenant que la CCPF soit convaincue que les 3000 plants sur ces mètres carrés hautement sujets à l’érosion soient suffisants alors que des pieux de 250 kg et des rochers de plusieurs tonnes se font balayer par la houle.
Les décideurs l’ont constaté comme tout un chacun.
Il faut donc trouver les raisons ailleurs.
Il nous semble plus probable que la CCPF abuse de ses obligations de communication en matière de protection de l’environnement.
Le 9 mars dernier, le COPIL (comité de pilotage) a exposé son bilan de suivi du site Natura 2000 « Marais de Mousterlin » pour la période 2008-2020 . La CCPF spécifie que « le recul de trait de côte amène à s’interroger sur l’adaptation des aménagements de protection des milieux dunaires. »
Le désenrochement à l’étude
Le maire de Fouesnant et président de la communauté de communes, Roger Le Goff, a affirmé son opposition à l’enrochement sur ce secteur. Lors de la tempête Justine en février 2021, il avait déclaré qu’« Il n’y aura pas d’enrochement supplémentaire. Au contraire, nous allons enlever une partie de l’enrochement existant, situé entre la plage de Cleut-Rouz et la pointe de Mousterlin. »
Dans une seconde interview en août 2021 il se montrait plus prudent sur ce qu’il adviendra de Cleut-Rouz. « Une étude est en cours. On travaille avec l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) pour savoir ce qu’on doit faire. » Il confirmait la nécessité de retirer une partie de l’enrochement : « C’est mon avis aujourd’hui, mais je ne suis pas spécialiste. »
En effet…
Pas sûr que la réponse végétale apportée réponde aux objectifs…
2010 tempête Cynthia
À la Faute-sur-mer en Vendée, dans la nuit du 27 au 28 février, un lotissement construit derrière une digue censé le protèger est entièrement envahi par les eaux.
29 habitants y laissent la vie.
L’arrêté de catastrophe naturelle est publié le 2 mars 2010 au journal officiel.
L’érosion côtière n’est pas un risque naturel mais un phénomène prévisible au regard de a loi, donc pas d’indemnisation possible pour les propriétaires dont le bien tombera dans le domaine public maritime, sauf si l’Etat accepte a nouveau de déroger aux règles et de verser une grosse somme comme il l’a fait en 2019 pour l’immeuble du signal mais j’en doute, peut être que ce n’est pas plus mal pour dissuader la construction proche du rivage…
Peu de communes du littoral échappent ou échapperont à ce problème. Il est souvent la conséquence… de l’inconséquence desdites communes ou des décideurs de tous bords qui pendant des décennies ont cru pouvoir s’affranchir des lois naturelles en laissant construire n’importe quoi n’importe où.
Concernant Cleut Rouz – et ailleurs – faudra t-il sacrifier les habitations et équipements exposés à l’envahissement inéluctable des eaux ou bâtir une sorte de “ligne Maginot” avec la même efficacité que son célèbre modèle ! ?
Il est à craindre qu’après moult tergiversations la première solution s’impose avec, à la clé, de coûteux dédommagements en faveur des victimes.