URBANISME ET PARADOXES
La Riviera Bretonne…
Les Caraïbes sud-finistériennes…
Autant de qualificatifs qui résonnent de plus en plus à nos oreilles et qui nous poussent à certaines analyses et réflexions.
Il est vrai que cette frange littorale du Finistère composée entre autres des communes du Pays Fouesnantais – celles qui nous intéressent dans ces lignes – est de plus en plus sujette à la convoitise et subit une forte pression immobilière.
L’ASPF, par sa vigilance et par les actions qu’elle mène, a fortement contribué à la protection de cet environnement en luttant pour l’application de la loi Littoral, la préservation des talus, l’ouverture des sentiers côtiers.
Le réchauffement climatique n’est maintenant plus une hypothèse mais une réalité concrète et nombreux sont ceux qui veulent s’installer sur ce territoire, qui pour fuir une ville devenue insupportable, qui pour quitter des étés désormais trop chauds.
Le secteur touristique ne s’y est pas trompé en s’adaptant à la demande saisonnière.
Cette saison estivale qui s’achève a, une fois de plus, rempli les logements et les plages.
Il n’est donc pas surprenant que nombre de visiteurs souhaitent s’installer dans la région.
Mais nous assistons à ce moment où le fragile équilibre se rompt.
Les plaquettes de communications éditées par les promoteurs et par l’industrie touristiques vantent une nature accueillante et variée, des espaces boisés, des cheminements sécurisés, des espaces naturels protégés.
Par contre, c’est un tout autre aspect que constatent et déplorent les résidents du Pays Fouesnantais depuis une quinzaine d’années. Les talus sont tombés, les immeubles ont poussé, les voies ont été goudronnées et des espaces naturels ont été urbanisés et artificialisés.
Nous arrivons donc à une situation paradoxale où le nombre croissant, voire exponentiel de constructions fait disparaître le caractère attractif de ces paysages démentant au passage le message répété à l’envie par les plaquettes publicitaires et les beaux discours promotionnels.
Certes il existe encore de ces « petites perles » aptes à satisfaire un public aisé. Mais en urbanisant ce petit espace supplémentaire, ce nouveau résident se rend-il compte que ce sont autant de brèches qui s’ouvrent ?
Prend-il bien conscience que la construction en secteur diffus contraint la collectivité à distribuer, pour une habitation isolée, les différents services tels que l’accès, l’alimentation en eau, en électricité et télécommunications ainsi que l’évacuation des déchets tout en faisant porter la charge à l’ensemble des habitants ?
Pour contrer cette vague d’urbanisation qui a déjà ravagé nombre d’espaces littoraux le législateur a mis en place un texte, la Loi Littoral.
L’esprit de cette loi cherche à concentrer l’habitat tout en préservant l’environnement. Les communes ayant une façade littorale sont assujetties à cette loi sur l’ensemble de leur superficie, bien au-delà des 100 mètres, zone où toute construction est interdite.
Les constructions en secteur diffus ne sont pas permises, mais uniquement dans des espaces déjà urbanisés. S’installer en dehors revient à une extension d’urbanisation.
C’est donc sur cette base qu’a été élaboré le PLU, Plan Local d’Urbanisme.
Cette Loi, il est aisé de le comprendre, représente un frein pour certains.
Il a été tentant pour quelques propriétaires de surfaces agricoles peu scrupuleux de demander à modifier le zonage afin de bénéficier d’espaces à construire en s’octroyant au passage une importante plus-value.
Il a été tentant pour les instances délivrant les permis de satisfaire le demandeur.
Mais il faudrait pourtant réaliser que nous ne disposons pas d’une poule aux œufs d’or. Toute action de construction est irréversible. Quand toutes ces pépites auront disparu, le paysage fouesnantais ne sera plus qu’un lointain souvenir, qu’une carte postale que nos enfants brandiront avec nostalgie.
C’est pourquoi l’ASPF se bat pour faire respecter cette Loi Littoral.
C’est pourquoi l’ASPF a déposé une requête auprès du Tribunal Administratif contre le PLU car elle considère que cette loi est bafouée et que des secteurs ne doivent pas passer en zonage constructible.
C’est pourquoi L’ASPF dépose des recours gracieux contre des permis de construire qu’elle juge contraires à l’esprit de la Loi Littoral.
Il est bien regrettable que la délivrance de permis de construire ne soit pas sujette à un contrôle plus strict de la part de l’État.
Il est bien regrettable d’encourager l’installation de futurs résidents sans les mettre au fait du risque qu’ils encourent. C’est faire preuve d’un manque de responsabilité que de les laisser assumer un projet de vie qui tombe à l’eau parce que notre association a fait son travail de vigilance. Au final, le projet ne se réalise pas, et la collectivité se retrouve en devoir de régler les frais de justice, voire de réparation.
L’ASPF se retrouve ainsi dans le rôle de censeur lorsqu’elle empêche l’exécution de certains projets illégaux, conformément à la mission qu’elle s’est fixée.
Nous sommes aujourd’hui régulièrement sollicités pour notre expertise. Nous apportons alors des explications quant aux démarches engagées et nous clarifions nos engagements. Il est en effet plus pertinent de se concerter en amont plutôt que de risquer le contentieux ? Quel dommage que certains élus refusent cette opportunité !
Devrons-nous ouvrir une agence ayant pignon sur rue pour dispenser nos conseils et remplacer ainsi ceux qui en portent la responsabilité ?
Nos statuts ne nous le permettent pas et nous ne le souhaitons en aucun cas.
Mais il est certain que l’ASPF continuera d’exercer sa vigilance sur le secteur afin de faire respecter la Loi Littoral dans son intégrité.