L’« Or Bleu » ou l’histoire du pompier pyromane…
Ces lignes n’ont nullement l’intention de froisser les pompiers, ce corps de professionnels qui veille sur nombre d’entre nous.
Nous voudrions davantage attirer l’attention sur ce bien commun qu’est l’eau et sur lequel la Communauté de Communes du Pays Fouesnantais (CCPF) a communiqué dans les pages du Ouest-France du 10 mars 2023.
La gestion de l’eau est en effet une prérogative communautaire après avoir été de la responsabilité communale.
Nous ne pouvons que nous féliciter de l’importance accordée à l’eau sur le territoire jusqu’à la qualifier d’« Or bleu ». Nous ne pouvons qu’être en phase dans le sens où la ressource doit être surveillée et protégée.
Mais nous ne comprenons pas cette attitude ambivalente qui, d’une part semble se préoccuper de la quantité d’eau disponible et mène en parallèle des actions d’aménagement qui vont à l’encontre de ce beau discours.
Nous regrettons également le manque de transparence ou de limpidité depuis que la gestion de l’eau est passée sous la férule communautaire. En effet la CLE, Commission Locale de l’Eau à laquelle l’ASPF était intégrée, n’existe plus sous sa forme initiale puisque les associations (consommateurs ou environnementales) sont exclues.
Nous souhaitons ainsi apporter une contre-mesure à cet enthousiasme de prospecteur quand on se souvient des graves atteintes portées à ce nouveau trésor.
Un captage abandonné
L’exemple le plus flagrant qui nous vient à l’esprit est celui de l’abandon du captage de Kérourgué.
Nous nous souvenons des plus de 5000m2 de prairies dont une partie en zone humide, situés entre le château d’eau et le stade de Kervihan. Ces parcelles formaient en partie la zone de protection du captage/ forage de Kerourgué.
Mais ce terrain a attiré la convoitise de l’Urbaniste.
Comment faire pour conjuguer à la fois le désir de construire et le besoin de puiser l’eau ?
Le maire de Fouesnant a préféré cesser la production de ce forage et favoriser la construction d’immeubles…
Le forage n’était plus rentable, était-il proclamé après que l’Agence Régionale de l’Eau eut demandé au maire de Fouesnant de faire son choix entre l’eau et le béton.
Or, si vous longez le chemin du Château d’eau, vous ne pourrez que remarquer l’écoulement permanent de l’eau sur la chaussée et ce, quel que soit le temps et malgré un automne et un hiver particulièrement secs.
Et si vous tendez l’oreille, alors vous entendrez le bruit monotone des pompes de refoulement qui tournent 24 heures sur 24 afin de vider les caves des nouveaux bâtiments…
Qu’il est triste de constater que cette prairie humide et sa biodiversité ont été détruites à tout jamais.
Qu’il est désolant de constater qu’il ne reste pour l’heure qu’un bassin d’agrément artificiel empli d’eau stagnante et étouffée d’algues filandreuses.
Pour la seconde situation, les mentalités avaient déjà évolué.
Le lotissement de Sainte-Anne
Le permis d’aménager pour la parcelle de 16000m2 dans le secteur de Sainte-Anne a fait couler beaucoup d’encre les derniers mois.
En effet, nous avions tout fait pour préserver ces anciennes terres agricoles de l’emprise immobilière.
Nous avons démontré que ces terrains faisaient partie de la zone de protection du captage d’eau de Penalen qui, notons-le, fournit encore 70 % de l’eau potable de Fouesnant et de La Forêt-Fouesnant.
Pour ce premier projet lancé à une époque où les préoccupations écologiques étaient moindres, il est important de rappeler que l’actuel maire de Fouesnant avait alors refusé le permis d’aménager et avait ensuite demandé une modification des cartes et soustrait 6000m2 de terres à la zone de captage pour la rendre urbanisable.
Pour le récent projet du lotissement de Sainte-Anne, tout le monde savait désormais que la donne avait changé et que la protection de la ressource était devenue essentielle.
Le permis d’aménager dans le périmètre de protection rapproché P1 devenu P2 du captage de Penalen a tout de même été délivré.
Qu’en est-il de la « sécurisation des ouvrages » dont il est fait état dans la communication communautaire ?
De l’eau, pour quelle finalité ?
Dans le contexte de l’été précédent durant lequel « l’eau a failli manquer », nous nous étonnons que des autorisations administratives aient été délivrées pour l’installation de piscines privatives allouées à des mobil-homes dans un camping.
Quels doivent être les usages de l’eau ?
Ne nous faudrait-il pas déjà choisir entre les quantités utilisées pour la consommation, le volume consommé par l’industrie ou l’agriculture et celui prélevé pour les loisirs de bord de mer ?
Il serait par ailleurs intéressant de savoir à quel modèle de journée correspondent les« stocks tampons répartis dans le territoire, afin d’emmagasiner l’équivalent d’une journée de consommation d’eau (environ 10 000 m3) » ? S’agit-il de la période hivernale ou estivale alors que la population est multipliée par 4 ?
Nous le voyons, le dérèglement climatique est en place et l’heure des décisions a sonné.
Devons-nous continuer l’artificialisation des sols et la surconsommation des ressources naturelles de notre territoire ?
Ne serait-il pas plus raisonnable de nous pencher sur cet avenir proche où nous devrons anticiper sur ce dont nous disposons ?
Ce n’est pas à la ressource de se conformer au territoire.
C’est au territoire de s’adapter à la ressource.
Croire le contraire est une erreur et nous mène toutes et tous dans une impasse.
Encore un article édifiant !
On connait les projets démesurés du maire de Fouesnant mais que penser des conseillers de la majorité qui
ignorent les alertes des scientifiques sur les changements climatiques.
Quel environnement laisseront-ils à leurs enfants et petits-enfants qui souhaiteront vivre à Fouesnant ?
Désespérant…
Merci pour cette mise au point, très édifiante!
De plus en plus d’habitants, de moins en moins d’eau.
Fouesnant, l’été, se fournit en eau jusqu’au bassin de l’Aulne (rappelons-nous la pollution en août 2020) mais détruit ses propres ressources.
Et d’ailleurs, quid de l’avenir des bâtiments construits dans ces zones ?
Attitude irresponsable des élus de la région.
Seule compte la construction galopante, sans aucune vision environnementale.
Déplorable…
Eau secours ! en effet.
Cette urbanisation intensive qui imperméabilise encore et toujours les sols,
un véritable étalement urbain ou résidentiel du Cap Coz à Mousterlin,
ces milliers de mètres cubes d’eau engloutis dans le béton qui coule à flots,
cette population supplémentaire ne peut qu’impacter la consommation d’eau à la hausse au niveau communal,
ces futurs complexes hôteliers de standing, donc probablement bien équipés en “mobilier” de type balnéo ou autre (pour se projeter encore un peu plus loin, ces mêmes clients qui disposeront probablement de pass VIP d’accès prioritaire aux plages lorsque certaines de celles-ci seront limitées en fréquentation pour en préserver leur environnement…au détriment de la population locale)
Le toujours + pour le tourisme de masse, énorme consommateur de cet or bleu.
Je ne retrouve pas en détail les futures évolutions de tarifs de l’eau pendant la période estivale me semble-t-il. Peut-être pourrez-vous nous éclairer sur le sujet, mais là aussi le seul levier restrictif serait donc d’ordre financier, ce qui pose la question de savoir à qui va bénéficier cette manne financière supplémentaire et en quoi ceci peut apporter une solution concrète pour améliorer la situation ??
Un slogan émanant de la CCPF est apparu il y a quelques temps sur les panneaux d’information : “Moins, c’est mieux”…! Moins (de permis de construire) c’est mieux, oui !
Très justement pensé et démontré, cet article dénonce encore et encore le pouvoir d’un maire qui n’en a que faire de la nature qui l’entoure et qui ne se projette pas sur le fait, qu’un jour, nous pourrions manquer d’eau.
Il a sans cesse un discours contradictoire.
En outre, il y a également ces constructions qui ne cessent de sortir de terre et qui, pour la plupart, sont vouées à la location saisonnière.
Je ne comprends pas l’entourage de Monsieur le maire qui devrait, depuis le temps, réaliser qu’il faudra un jour prendre conscience des erreurs commises.
Merci pour cette mise au point indispensable après le communiqué d’ autosatisfaction de la CCPF et de son président dans Ouest-France.
Pourrait-elle être diffusée par l’ASPF à un plus large public par l’intermédiaire de O.F. par exemple ?
Ça allègerait un peu la frustration de tous les indignés dont je suis et qui n’en peuvent plus de cette municipalité de béton et de bitume.
Oui, je m’interroge sur comment élever la conscience d’une population et peut-être avant tout d’un maire et de ses adjoints pour que chacun envisage l’intérêt général avant son bien-être.
Quant à l’urbanisation de Fouesnant, si cela profite aux commerces, en particulier les GMS, comment l’intérêt général est-il pris en compte quand il devient impossible de circuler l’été dans et autour de la ville et quand le stationnement devient impossible ?
Bravo pour ce bel article plein de sagesse et de connaissance…
Comment arrêter cette soif incessante de nouvelles constructions aux dépens de la Nature pourtant indispensable……
Depuis la mise en route du captage de BRÉHOULOU, il n’y a plus d’eau pour l’exploitation de kiwis de Cap Coz !!!
Va comprendre, Roger.
Comment stopper cette frénésie de détruire nos sites naturels et indispensable ?
Un bel article de fond où je remarque, une fois de plus la schizophrénie du maire : grand défenseur de l’environnement dans la presse et grand bétonneur, “quoi qu’il en coûte” à tous les habitants de la communauté de communes du Pays Fouesnantais …