« Echouées sur les plages et les criques, engluant les zones de pêche professionnelle et récréative ou les eaux de baignade, les marées vertes sont toujours présentes en 2011…. ».

Ce texte prémonitoire figurait sur notre petit flyer distribué à plusieurs milliers d’exemplaires  pour alerter, informer et inviter à Cap Coz tous les acteurs désirant que la situation change enfin avec des mesures gouvernementales à la hauteur de cette catastrophe environnementale et sanitaire.

Malgré une semaine de ramassages quotidiens sur la plage de Cap Coz, elles étaient là !

Les médias accourus à Fouesnant ont diffusé à grande échelle les arguments de la Coordination Régionale, regroupant près de 100 associations (Liste des associations Coordination 2011 rassemblement Cap Coz du 18 09 2011)  , mais surtout ils ont touché la réalité, ils ont vu des algues vertes fraiches ou moins fraiches, ils ont marché dedans et cette communication voulue fut une réussite évidente dans notre action.

Organisée par notre association, l’ASPF et  nos collègues locaux d’Eau et Rivières, nous  vous devons de raconter le reportage de cette journée mémorable.

Mais l’histoire ne se résume pas seulement à une journée, quelle aventure !

Une organisation lourde :

Pour informer d’une telle manifestation, tous les réseaux des associations furent mis à contribution.

Trois réunions préparatoires de la Coordination, 2 réunions avec la Mairie de Fouesnant et une longue attente avant le OK final, 1 réunion avec les services techniques de la ville et enfin 1 réunion de dernière minute imposée par les autorités l’avant-veille du jour J (Préfecture, Police), furent nécessaires.

Quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre une semaine avant, la présence d’un second rassemblement sur le site de Cap-Coz, le même jour, même heure, situation invraisemblable dans un tel cul de sac.

Le précédent de Saint Anne La Palud  se reproduisait.

A partir de là, tout fut différent : les parkings prévus disparurent, et un « fléchage savant » devenait indispensable et il ne fut mis en place que le dimanche matin pour échapper au vent et aux …tentations !

Auparavant, nous avions décidé de monter les stands lourds et équipements dès le samedi sur le parking du Centre Nautique, sous un timide soleil, mais sous un vent inquiétant pour leur faire passer la nuit ainsi.

Les derniers stands plus légers furent montés le dimanche matin.

Que du beau monde à Cap Coz en ce dimanche !

Outre la sympathique « Fanfar aux Pruneaux » venue de Paimpol, de deux sonneurs bretons et la Compagnie Bococo accompagnant Jean Kergrist, nous avons fait défiler aussi chez nous le Sous Préfet du Finistère, le Colonel de la Gendarmerie du Finistère, les représentants de la Mairie et bien d’autres encore, tous en mission de sécurité car les médias avaient chauffé les camps et mis la pression toute la semaine.

Tous avaient répondu favorablement à notre invitation de découvrir notre village gaulois et certains sont même repartis avec de la documentation à lire pour cet hiver.

Seule la compagnie de CRS, détachée de Nantes au petit matin avait défilé de multiples fois dès son arrivée, mais au large, en véhicules caractéristiques et connus pour bien montrer sa présence.

Un planning rigoureux :

11 h 00 : le départ de la rando-découverte du chemin côtier de Cap Coz à Bot Conan pour 250 marcheurs courageux au son des binious et déjà sous le Gwenn ha Du, preuve que nous aussi, nous aimons cette magnifique Bretagne.

Le guide André Perron, membre de l’ASPF et de ERB dirige ce long cortège sur le sentier côtier, au dessus des criques, ah, encore une autre histoire bien locale que ce sentier.

13 h 00 : déjà près de 500 personnes sont sur le site, pique-nique pour les uns et petite restauration pour les autres au stand d’Annaig et de son équipe, qui devra servir 250 repas à des affamés patients, et là tout était végétarien ou bio : de la saucisse aux algues aux desserts, tout comme le cidre, la bière…

Repas en musique, mais tour à tour sous le soleil, les grains, le vent  qui fait grimper à la verticale certains stands abandonnés par les propriétaires partis au bar.

14 h 30 : l’ex parking du Centre nautique est plein, leurs véhicules garés souvent très loin entre Lespont et Bellevue, les personnes y sont venus à pieds.

On découvre les pancartes, les mots chocs et la présence de paysans pas comme les autres, du moins pas avec les idées des autres, ceux qui sont en barbecue à 500 m de là.

La foule attend et refait le monde… agricole.

15 h 00 : Magdeleine Breton, la Présidente de l’ASPF accueille les 1500 personnes, les remercie d’avoir bravé l’intimidation de nos voisins en ce dimanche exceptionnel et n’oublie pas de  présenter les activités de l’association (Presentation de l’ASPF par Magdeleine Breton le 18 septembre).

Elle n’oubliera pas  non plus de rappeler que nous travaillons déjà dans les commissions du plan gouvernemental et celles du Contrat Odet-Aven et que le territoire du projet local déposé à la Préfecture de Région s’arrête …miraculeusement aux portes de Fouesnant !

Se succèderont au micro :

André Ollivro de Halte aux marées vertes de Penthièvre- 22 et Yves-Marie Le Lay de Sauvegarde du Trégor- 22, des « nordistes » spécialistes …des sangliers, des contrôles H2S mais aussi les défenseurs de la famille Morfoisse dans le drame qui l’a touchée.

Jean-François Piquot le porte parole d’Eau et Rivières étonnera l’assistance par un discours dit « musclé », témoignant de l’exaspération d’ERB sur ce dossier algues vertes.

Retrouvez la page spéciale et son discours complet sur le site ERB/ rubrique marées vertes :

http://www.eau-et-rivieres.asso.fr

15 h 45 : la Compagnie Bococo et Jean Kergrist déboulent du fond du diable vauvert, peut être bien d’ailleurs  de chez les voisins du Collectif ? et nous donnent un spectacle haut en couleurs et en musique. La foule est « pliée » pendant le discours de ce Chef d Etable qui commente finement l’actualité.

Pour le plaisir, rappelons encore quelques unes de ses idées : « …1 sanglier sur 2 partant en retraite ne sera pas remplacé … Glomel-22 aura peut-être  un bagne à poules, un  Fientanamo… ».

16 h 15 : direction la plage :

Un joyeux cortège s’élance vers la plage, affolant les services de sécurité officiels, mais comment arrêter un tel bonheur d’aller patauger dans les algues fraiches sous les caméras et appareils photos du monde entier (sic) !

Une plage parfumée par des algues que découvrent pour la première fois bon nombre de personnes.

16 h 45 : pas pressés de rentrer :

La mer monte, faut rentrer !

Mais ils ne sont pas pressés nos marcheurs d’autant que des troupes d’en face ont été envoyées au dialogue sur la plage et dans les stands.

Le discours était rodé : « …les phosphates, les lessives, les stations d’épuration,  rien ne démontre que le monde agricole est responsable… ».

Encadrés par la police vigilante, se sont-ils vraiment écoutés ?

Mais au fait, que défendaient-ils à côté, dans ce Collectif ?

Ayant ratissé très large à travers les instances que sont la Chambre d’Agriculture, la Chambre de Commerce et d’Industrie, la Commission Tourisme de cette CCI  qui n’est peut-être pas concernée ( ?) par la lutte contre les algues vertes  puisqu’elle était représentée sur le podium d’en face, la Chambre des Métiers, le Conseil Régional des pêches, ce Collectif créé par les syndicats agricoles bien connus a surtout organisé cette contre manifestation de Cap Coz pour brouiller médiatiquement  nos actions.

Cet autre rassemblement accordé contre tout principe de sécurité, a fait peur aux autorités, nous l’avons bien vu, et malheureusement pour eux,  dans un cadre d’algues vertes malgré tous les efforts des ramassages dans la semaine précédant ce dimanche.

« Pour une Bretagne unie, nous voulons vivre et travailler ensemble au Pays ».

« Par ce rassemblement, soutenons la Bretagne que nous aimons, une Bretagne unie, belle, prospère et active qui sait se rassembler pour construire l’avenir ».

« Exprimons …notre fierté des paysages et la richesse de nos campagnes …et tout simplement, notre attachement à notre région ».

…

Est –ce que nous défendons le contraire ?

Non, et en fait, leurs arguments pouvaient être tenus par les deux camps.

Alors, où est l’erreur ?

Une conclusion  mitigée :

Plus rien ne sera comme avant, et sous la pression, le monde agricole de Bretagne a changé de discours dans cette semaine, et l’organisateur du Collectif l’exprimait lui-même dans la presse dès le lendemain :

« Aujourd’hui, tout le monde a pris conscience qu’il fallait changer de pratiques. On a commencé à les changer. Mais il faut être un peu patient ! Des chercheurs affirment que l’azote dans le sol met 25 ans à s’estomper ».

Mais sur ce point, le différend demeure : il faut aller vite, très vite  et comme le monde agricole domine encore indirectement le plan gouvernemental de lutte contre les algues vertes qui demeure sous la règle du volontariat, le conflit est loin d’être terminé.

Nous ne sommes pas satisfaits des négociations des contrats dans les premiers des 8 bassins versants retenus, dont celui de la Baie de Concarneau.

Notre rassemblement a montré la force médiatique de cette Coordination, attirant la compréhension, voir même la sympathie de l’opinion abasourdie de découvrir les images d’algues vertes dans notre patrimoine naturel et espérons que les Pouvoirs Publics en tiendront compte.