Le marais de Mousterlin va enfin retrouver la mer : une enquête publique est en cours juqu’au 6 janvier 2011
L’objectif de ce projet est de mettre en communication la partie centrale du marais avec la mer
L’enquête publique se déroule en ce moment du 7 Décembre 2010 au 6 Janvier 2011.
Le dossier d’enquête est consultable en Mairie et vous pouvez encore y consigner vos observations sur le registre ou les adresser par écrit au Commissaire Enquêteur.
Nous avons déjà rencontré celui-ci pour des échanges et il assurera une permanence le dernier jour, le jeudi 6 01 2011, de 14 h à 17 h.
Il s’agit d’une enquête publique conjointe, portant sur :
– la demande d’autorisation de travaux de modification des ouvrages de régulation du marais de Mousterlin.
– la procédure de réalisation de travaux ayant pour objet la conservation ou la protection des espaces remarquables sur la commune de Fouesnant, en application d’articles des Codes de l’Environnement et de l’Urbanisme.
Le marais de Mousterlin et Natura 2000.
Le marais appartient au Conservatoire du Littoral depuis 1982, (l’ASPF y est pour beaucoup) et la commune en est le gestionnaire.
Le marais s’étend de la pointe de Mousterlin à Kérambigorn, sur 3 km de long.
6 ruisseaux principaux dans un bassin versant de 15.5 km2, et la station d’épuration des eaux usées de Penfalud alimentent en eau douce ce marais artificiel contenu par toutes les digues des travaux BENAC effectués à partir de 1926.
La mer, par l’exutoire actuel et par capillarité sous les dunes, l’alimente en eau salée.
Dans la partie centrale, appelée lagune de Mousterlin et unique objet du dossier, il y a 13000 m3 d’eau de profondeur inférieure à 20 cm sur 70 % de la surface, et beaucoup plus de vase d’épaisseur moyenne de 60 cm.
La sédimentation est de 10 cm par an.
On comprend ainsi la difficulté à y maintenir une salinité régulière et un même niveau d’eau sachant que l’eau douce se déverse en volumes irréguliers et qu’il faut gérer tout cela à la main à l’exutoire.
Le marais est en cours de classement NATURA 2000 au titre de la Directive Européenne Habitat (réf SIC FR 5300048- Marais de Mousterlin)
« En effet, le marais présente plusieurs sites écologiques et milieux d’intérêt communautaire qu’il convient de protéger et conserver durablement. ».
Une étude de 2006 « évoque la présence d’une vingtaine d’habitats sur le site dont les principaux sont les différents types de dunes, les prés salés, les lagunes côtières. ».
Malheureusement, la faible salinité favorise une banalisation écologique du milieu ; la lagune est dans un mauvais état de conservation et ne présente plus l’ensemble des caractéristiques fonctionnelles de ce type d’habitat qu’est censée protéger NATURA 2000.
La gestion hydraulique actuelle « manuelle, au coup par coup » à l’exutoire, qualifiée de « paysagère et touristique » dans le dossier et surtout les rejets de la station d’épuration de Penfalud influent sur la dégradation des habitats.
Penfalud est bien au centre des problèmes actuels et à venir : en effet, un projet d’agrandissement de la station de Penfalud comportant un rejet direct à 1000 m en mer va bouleverser le peu d’échanges mer-marais.
Il faut y ajoutez le risque de submersion marine du marais par les dunes mal protégées en amont de la digue de Cleut Rouz.
Ainsi, face à toutes ces contraintes, trois choix étaient possibles :
-« poldérisation » totale en eau douce du site,
-ou « marinisation » totale avec retour au naturel
-ou « solution mixte » : c’est cette dernière voie qui fut envisagée par le Conservatoire du Littoral dès 1985.
Mais depuis 1985, les données scientifiques ont évolué et doit être intégrée l’élévation du niveau de la mer.
Vous comprendrez que lorsque la mer décidera de reprendre sa place, la situation et les coûts risquent d’être salés. On a laissé construire dans le périmètre des risques de submersion (PPR-SM) !
Alors faut-il maintenant maitriser les caprices de Dame Nature par les digues existantes en les modifiant et gérer automatiquement un site naturel NATURA 2000, situé derrière….un enrochement artificiel ?
Ou le redonner à la mer et prévoir un plan de retrait des habitations ?
La nouvelle gestion hydraulique devra permettre
– de réduire l’envasement,
– et d’obtenir un milieu naturel à fonctionnement lagunaire avec restauration de l’habitat lagunaire.
Comment ? on parle d’une hydraulique adaptative qui devra maitriser la gestion des eaux dans les 2 sens ; le principe en est le suivant :
-A partir de 2 réservoirs d’eau douce construits en amont des digues de Cleut Rouz (50000 m3) et de Kerangaerel (20000 m3),
-on provoquera soit régulièrement, soit exceptionnellement de grandes chasses d’eau qui façonneront le marais et entraineront les sédiments en mer, via l’exutoire nouveau, enfin maitrisable à volonté.
-en fait, tout cela garde un caractère expérimental et on peut lire dans le dossier d’enquête que :
« ceci induit de nombreuses incertitudes sur le mode de gestion hydraulique idéal à mettre en place …. ».
La gestion hydraulique qualifiée « d’adaptative » n’est donc pas figée, il faudra du temps, des expériences, des analyses d’effets pour automatiser au maximum.
Un budget de 600 000 euros pour
– le nouvel exutoire de Mousterlin = 345000 euros.
– les modifications des digues de Cleut Rouz et digue de Kerangaerel = 100000 chacune (dont les créations de surverses de sécurité inondation des quartiers environnants).
– des travaux divers = 30000 euros (dont curage des zones atterries en amont de la digue de Cleut Rouz).
Incidences des travaux et de la nouvelle gestion hydraulique.
Le document 4 de l’enquête publique « Etudes règlementaires au titre du code de l’environnement » fait 155 pages !
Autant vous dire rapidement que les incidences sont multiples et explicitées :
– Passons sur les travaux ponctuels en période de chantier où il y aura des rejets en mer de sédiments, de poissons crevés, de déchets végétaux de toutes sortes ….
– Passons sur le stockage et la gestion des 2000 m3 après curage de boues en amont de la digue de Cleut Rouz, prévues pour faire le futur parking de Cleut Rouz.
– Passons sur la transformation radicale et inévitable du paysage, de la flore, de la faune avicole, de la faune piscicole….avec la salinité revenue.
Et focalisons-nous sur le fonctionnement futur, que l’association a approfondi avec l’aide de spécialistes, avant de faire connaitre nos observations au Commissaire enquêteur.
La station de Penfalud cessera ses rejets dans le site de Mousterlin pour les envoyer ….à 1000 m au large dans la zone protégée par NATURA 2000 de l’Archipel des Glenan !
Actuellement ses effluents subissent un lagunage rapide et certains composants qui passent les mailles des filtres sont piégés dans le marais ou rejetés en mer.
Dans le dossier, des analyses d’eau et de sédiments estiment les flux rejetés lors des chasses hivernales à l’exutoire au regard des seuils réglementaires pour l’azote, le phosphore, le zinc… leurs dépassements potentiels imposent la demande d’autorisation préfectorale du projet (doc 4, page 99 et suivantes).
Malheureusement, on ne trouve dans le dossier d’enquête, aucune explication sur ces dépassements et leurs devenirs !?
Finalement, au stade du projet, on ne sait pas vraiment où on va en terme de qualité de l’eau de mer face au rejet en mer de la future station de Penfalud d’une part et face au fonctionnement régulier et aux chasses d’eau hivernales, voire exceptionnelles, en provenance du marais d’autre part : des mesures de la qualité de l’eau de mer dans toute la baie, aux plages et des précautions vont s’imposer :
« L’impact sur la santé humaine lié aux chasses d’eau hivernales sera limité en interdisant la baignade, la plongée et la pêche à pied à proximité de la zone de rejet en mer de l’exutoire du marais de Mousterlin.
De plus des prélèvements d’eau de mer seront effectués et analysés, afin de mesurer la qualité de l’eau de mer lors de ces chasses hivernales. ».
Conclusion provisoire
Le but de cet article est d’exposer simplement les questions essentielles posées par l’énorme documentation qui accompagne cette enquête publique. Et pourtant, il manque des informations importantes sur les incidences actuelles de la station de Penfalud !
Nous allons rencontrer le commissaire enquêteur et nous lui ferons part de nos observations finales que vous trouverez ultérieurement dans notre blog.
A ce stade, on peut dire que tous nos contacts acceptent de “revoir” la mer dans la lagune, mais on comprend mal pourquoi cette enquête sur la « revitalisation » du marais de Mousterlin est traitée séparément, car les deux dossiers NATURA 2000 de l’Archipel des Glenan et de Mousterlin et le projet à venir de la station de Penfalud sont techniquement liés.
Votre article déplore le manque de lien, passé volontairement sous silence entre les deux dossiers Natura 2000 et le projet de la station de Penfalud . Or, le Code de l’Environnement, dans son article L. 122-6 au deuxième alinéa,déclare ceci :
” Le rapport environnemental contient les informations qui peuvent être raisonnablement exigées,compte tenu des connaissances et des methodes d’évaluation existant à la date à laquelle est élaboré ou révisé le plan ou le document, de son contenu et de son degré de précision et,le cas échéant,de l’existence d’autres documents ou plans relatifs à tout ou partie de la même zone géographique ou de procédures d’évaluation environnementale prévues à un stade ultérieur .”
La loi stipule clairement qu’une même zone géographique doit faire l’objet d’une étude d’ensemble . Cette segmentation volontairement opérée des zones géographiques, pour empêcher le citoyen d’avoir une vue d’ensemble des problèmes environnementaux, est donc frauduleuse .
L’ASPF peut donc dénoncer officiellement sur la base de cet article cette malversation .